Diotime et les lions

A la fois conte et parole, légende fondatrice et récit d'apprentissage, l'histoire de Diotime ouvre la voie de l'aventure intérieure à la découverte de soi, sentier souvent chaotique mais passage obligé vers la réalisation et la liberté d'aimer. Et sur la peur, le désir, la sauvagerie, la transgression, la violence de la féminité, Henry Bauchau projette la lumineuse sagesse de l'Orient.

J'ai découvert ce livre peu après sa sortie en 1991. Touchée par la force et la simplicité de ce récit, j'en ai donné une lecture au Carré d'Art de Nîmes dans le cadre de La fureur de lire en octobre 1993. J'ai, par la suite, toujours gardé le désir de le développer vers une forme théâtrale et je l'avais exprimé dans une correspondance avec Henry Bauchau.
C'est donc avec une sorte d'évidence que je me tourne à nouveau vers ce texte pour Collège en tournée, tant le thème fait écho aux états de l'adolescence.
Christiane Hugel

Récit d'un parcours initiatique vers la transformation et la liberté, Diotime et les lions prenait place dans le roman Oedipe sur la route dont Henry Bauchau l'a ensuite retiré.
Il y concentre, dans son univers propre, des thèmes qui prendront une place centrale : la mer et la vague rêvée par Diotime, le long chemin de terre, les sources et l'écriture.
Mais l'aventure de Diotime passe par la relation avec le « sauvage ». Un combat à mort avec un lion.

A travers la lutte avec les lions, dans l'ivresse du combat et dans la prédilection que lui témoigne son grand-père Cambyse, c'est aux plus troublants interdits que Diotime est confrontée. Cambyse est à la tête d'un clan perse dont les hommes, une fois par an, s'adonnent  à une guerre rituelle contre les lions. Diotime brûle d'y participer malgré l'opposition de sa mère. Devoir rester à la maison la conduit à la folie, car dans ses veines coule le sang sauvage de ses ancêtres lions. Profondément touchée, sa mère donnera son autorisation et, pour Diotime la rebelle, Cambyse fera naître une nouvelle tradition. La chasse aux lions est une manière pour le clan de renouer avec ses origines et de maîtriser la violence. Pour Diotime, elle est une manière d'affirmer sa nature passionnée. Sa participation à la chasse marque une rupture,  peut-être un retour à un âge où les femmes n'étaient pas exclues du monde des hommes et les hommes du monde des femmes, et où la frontière entre humanité et animalité n'était pas si nette. 

Note d'intention

Il s'agit d'un récit à la première personne. C'est donc la parole qui est mise en jeu, comme un fil tendu. Diotime est seule à porter le texte. C'est l'urgence des mots qui la fait avancer sur le chemin de l'inconnu. Un second personnage est présent, chargé des utilités matérielles du déroulement, une sorte de « servante », comme on nomme la lampe qui reste toujours allumée sur la scène, et qui est aussi celle qui écoute. Elle et Diotime déploient une toile brute, recouvrant le sol qui devient page blanche, toile vierge, plaine, territoire, lieu des combats et de l'errance. Des objets, des matières, des bois dont les branches écrivent des chemins ou des forêts, sont présents d'emblée, se jouant des situations, les suggérant, les transformant sans les appuyer, permettant à l'imaginaire de chacun de s'inventer grâce au pouvoir des mots, comme dans les contes. 

J'ai tracé sans le savoir sur le sol de ce pays une forme presque parfaite. Je ne comprends pas ce qu'elle signifie, ni ce qu'elle annonce peut-être. Comme dans le dernier rêve que j'ai fait, c'est toujours l'inconnu qui vient à ma rencontre.
Henry Bauchau, in Oedipe sur la route

Diotime et les lions

Texte : Diotime et les lions d'Henry Bauchau (Actes sud)
Adaptation, mise en scène : Christiane Hugel
Avec Ludivine Bluche (Diotime) et Christiane Hugel

Scénographie : Christophe Beyler
Costumes : Judith Chaperon
Lumière : Cathy Gracia
Musique : Djamchid Chemirani, improvisations sur le zarb
Jean Morières, improvisations sur la flûte zavrila
Ping pong, duo Pascale Labbé-Jean Morières

Administration, production : Nathalie Carcenac

Production : Compagnie L'Atalante
Coproduction : Sortie Ouest domaine départemental d'art et de culture de Bayssan
Avec l'aide du Conseil Général de L'Hérault.
La création s'inscrit dans le cadre du dispositif Collèges en tournée.
La compagnie est subventionnée par la Ville de Montpellier.
Remerciements : Montpellier Agglomération et Théâtre des 13 vents pour la mise à disposition des lieux.

La création s'inscrit dans le cadre du dispositif Collèges en tournée, une initiative du Département de l'Hérault en partenariat avec les communes, les intercommunalités et les collèges participant au projet.